Les Francomanias: Youssoupha et Ida Mae, l’énergique et les fragiles

Tête d’affiche du premier soir du festival, le rappeur français Youssoupha s’est déchaîné pour tenir en haleine un Hôtel de Ville acquis à sa cause. Dans la cour du château, le duo Ida Mae a visé les tripes du public dans une ambiance intimiste.

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par Christophe Dutoit & Eric Bulliard

Il a bondi sur scène comme un lion jaillissant de sa cage. Puis, durant plus de nonante minutes, il a sillonné la scène de l’Hôtel de Ville en long et en large, il a fendu la foule pour chanter dans le public (ils se sont donné le mot avec Charlie Winston?), il a harangué ses fans comme un prédicateur hanté, il n’a cessé de qualifier la salle de «meilleure du monde». En un mot, mercredi soir, Youssoupha a fait le travail. En vrai patron.

Après sa première partie de Beyoncé au Stade de France en juillet, le rappeur né à Kinshasa s’est retrouvé à Bulle devant une salle à demi-pleine. Qu’importe! Lui et sa troupe ont livré un condensé de hip-hop carré, le temps d’un show réglé au millimètre. Il a fait la part belle aux titres de Négritude, son quatrième album, sans négliger des incursions dans son passé avec Chanson française ou Les disques de mon père.

«Si vous détestez»
Seul bémol, l’ingénieur du son a mixé cette soirée avec les coudes et n’a rendu que peu justice au flow de Youssoupha et ses acolytes. Ce qui n’a pas empêché les inconditionnels de passer une excellente soirée. Encore un mot: à l’issue du concert, Youssoupha s’est patiemment laissé prendre en selfie avec ses fans sous la coupole. La classe.francosidamae01

Pendant ce temps, dans la cour du château, ils s’excusaient presque de leur exquise fragilité, Stephanie Jean et Chris Turpin: après la dissolution de leur groupe Kill It Kid, les deux Anglais se lancent en duo sous le nom Ida Mae. «Nous avons pensé qu’un château suisse était un bon endroit pour commencer», sourit la jeune femme. Et un peu plus tard, au moment d’attaquer des chansons nées il y a deux semaines: «Vous servez un peu de test. Si vous détestez, venez nous le dire.» Il y avait comme ça une ambiance intimiste, familiale dans ce magnifique écrin. Un peu de pluie, un public clairsemé, mais attentif, et deux blondeurs diaphanes qui mêlaient blues et folk, titres tout frais et reprises de Kill It Kid.

Ida Mae vient de rentrer d’un séjour au Mississippi: ses musiques ont encore le parfum du sud poisseux et de Memphis Minnie, chanteuse de blues et prostituée à qui il rend hommage. Une guitare acoustique ou une dobro, un tambourin, deux voix complices qui visent les tripes: la formule a ses limites, mais, dans ce contexte, elle a souvent touché à la grâce. Et suffi largement pour vous emporter.

 

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