En 1988, David Simon, alors reporter du Baltimore Sun et futur créateur de la série Sur écoute (The Wire), passe une année aux côtés des enquêteurs de la brigade criminelle de sa ville. Il en sortira un récit documentaire qu’il intitulera Homicide, A Year on the Killing Streets, que le trop rare Philippe Squarzoni a décidé de transposer en bande dessinée. Habitué des chroniques sociales et politiques engagées (Torture blanche, Zapata en temps de guerre…), le bédéaste français s’engage là sur des chemins déjà arpentés ailleurs, ceux de l’injustice, de la détresse et du silence, de la violence et du désespoir.

En cette fin des années 1980, Baltimore est l’une des villes les plus sanglantes des Etats-Unis, avec 240 meurtres par an, dont plus de la moitié liés au trafic de drogue. Tous les dossiers les plus sales arrivent à la section des homicides. Avec une pression constante de la hiérarchie et des médias.

Un sacerdoce que Squarzoni décrit au quotidien, en suivant les inspecteurs et les enquêtes, dans la rue, dans les bureaux, mélangeant voix off, dialogues et longs moments de silence, avec une qualité de mise en scène inventive par moments, servant le propos avec subtilité.

Par Romain Meyer

Philippe Squarzoni, Homicide. Une année dans les rues de Baltimore, t. I, Delcourt