Avec émotion, Romano P. Riedo raconte la vie sur les alpages

Au château de Gruyères, Romano P. Riedo expose le quotidien des paysans de montagne jusqu’au 19 juin. Après plusieurs décennies en immersion sur les alpages suisses, il rend un hommage touchant aux gens de la terre.

par Joëlle Ducraux

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Repas familiaux, travail au champ, intimité entre l’homme et l’animal, traite des vaches, transmission du savoir de génération en génération… Les paysans de montagne sont saisis sur le vif par l’authentique Yashica du photographe fribourgeois Romano P. Riedo.

«C’est vieux comme appareil, mais ça fonctionne quand même très bien, ironise-t-il. Néanmoins, j’avoue que j’utilise aussi des appareils plus modernes. Concernant mes clichés, il n’y a aucune mise en scène. Je suis simplement les gens dans leur activité.»

Connaît-on encore le travail de nos paysans? Connaît-on encore le quotidien de ceux qui participent grandement à définir l’identité de la Suisse au-delà de nos frontières? «Certains politiciens utilisent l’image du paysan pour définir leur parti notamment en portant des chemises avec des edelweiss, mais connaissent-ils réellement la vie de ces gens? Défendent-ils leurs intérêts?» Une allusion à l’UDC à peine implicite.romanopelle

Une enfance dans la nature
Les 29 photos exposées sur la magnifique esplanade du château de Gruyères rendent hommage à ces paysans d’alpage que le Fribourgeois admire tant et qu’il met en valeur à travers un regard affûté.

Son affection pour la montagne lui vient de loin: «Quand j’étais enfant, pendant les vacances, j’allais en Valais chez ma marraine. C’était en pleine nature, je me souviens des bisses, de la forêt et des vaches. J’ai adoré ça.»

Sa passion pour la nature ne l’a ensuite plus jamais quitté. «J’ai travaillé sur les alpages, pendant un moment. Et de fil en aiguille, je me suis mis à la photographie.»

Voyageant dans différentes régions de Suisse, Romano P. Riedo embrasse la thématique depuis plusieurs décennies. Il capte l’évolution du métier de paysan au fil des générations, entre authenticité, simplicité, traditions et modernité.romanomamie

Spécialiste du sujet, son travail est de l’ordre de l’immersion. Comment se faire accepter par ces gens qui se sentent souvent peu compris et éloignés du reste de la population? «Je connais le métier, donc ils voient vite que je ne suis pas un citadin qui vient leur pointer l’objectif devant le nez, raconte le photographe. Les paysans sont contents que l’on s’intéresse à leur vie. Leur côté rude, simple, archaïque résonne avec un côté très émotionnel.»

Une expérience humaine
Avant tout, Romano P. Riedo décrit une expérience humaine qui le touche et l’anime profondément: «Des liens forts se créent avec les paysans que je rencontre. Je retourne les voir régulièrement. Parfois les enfants ont repris l’alpage, et parfois certains décèdent», confie le Fribourgeois. Comme ce paysan de Glaris dont il parle avec beaucoup d’émotion. Le noir et blanc ainsi que le format carré de cette série d’images consacrée à l’économie alpestre est un choix de l’artiste pour mettre en valeur le sujet. «Le noir/blanc arrête le temps et donne un côté archaïque. Je trouve que les couleurs détournent le regard.»

Le conservateur du château de Gruyères Filipe Dos Santos se montre enthousiaste quant à cette exposition: «Pour nous, ça a été un véritable challenge, car nous avons dû imprimer les toiles en grand format sur des supports sur mesure. Mais le rendu est très beau. Les toiles sont dispersées entre les arbres sur l’esplanade, les visiteurs se livreront à une promenade photographique dans un cadre splendide.»

Gruyères, château, du 2 avril au 19 juin, www.chateau-gruyeres.ch

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