Kassette revient plus sensuelle que jamais

Samedi soir, Laure Betris vernit le quatrième album de Kassette au Bad Bonn de Guin. Un disque plus sensuel et plus chaloupé que les précédents.k71

par Christophe Dutoit

Laure Betris savoure le moment présent. Dans quelques heures, elle sortira son quatrième album, intitulé Bella lui et publié chez Cheptel Records. Dans la foulée, elle donnera un concert au Bad Bonn de Guin, en prémices à une tournée qui l’emmènera de Zurich à Porrentruy, en passant par l’excellent Kremlin de Monthey ou la non moins exotique Ecurie de Genève.

Comme souvent avec la chanteuse de 34 ans, rendez-vous est fixé dans le cadre improbable et désuet du tea-room le Rex, sur Pérolles. Elégante comme à son habitude, volubile comme toujours, Laure Betris évoque les coulisses de son quatrième album en près de neuf ans de carrière.

J’ai loué une pièce à côté pour pouvoir travailler dans ma bulle. Ce temps m’a permis de peaufiner ces titres, écrits depuis quelque temps déjà.

Il y a tout juste une année, la chanteuse séjournait durant un mois à La Nouvelle Orléans, en compagnie de son complice de longue date, le guitariste Sacha Ruffieux. «J’ai loué une pièce à côté pour pouvoir travailler dans ma bulle. Ce temps m’a permis de peaufiner ces titres, écrits depuis quelque temps déjà.»

Entre-temps, la Fribourgeoise a rencontré Robin Girod, chanteur et guitariste genevois, connu pour ses prestations avec Mama Rosin ou Duck Duck Grey Duck. «On ne se connaissait pas vraiment. Pour s’apprivoiser, on a commencé à s’envoyer de la musique, à s’échanger des références de groupes. Très vite, on a remarqué qu’on avait pas mal d’influences similaires.»

Ascèse et collaboration
Chez Kassette, autant la composition en tant que telle est une ascèse solitaire, autant l’enregistrement et la scène sont des moments de travail collaboratif et partagé. En avril 2015, après un minimum de répétitions, les douze titres de l’album sont mis en boîte en moins d’une semaine, dans des conditions proches du live. «J’apprécie beaucoup cette manière de travailler très simple, mais très intense. Nous sommes restés hyperconcentrés durant les six jours de session. Tout s’est déroulé de manière très fluide, sans se prendre la tête. Comme une vraie bande de copains qui font de la musique ensemble.»k72

Autant le précédent album Far envoyait une musique sombre et clinique – à l’exemple des uppercuts Big Sur ou Dead end – autant Bella lui évoque des atmosphères solaires et fiévreuses. «Nous avons recherché des ambiances plus sensuelles, plus chaloupées, plus groovy en quelque sorte.»

Toutes guitares dehors
Dès la ballade A part of me, le ton se veut plus léger, plus aérien. Comme toujours, les guitares se taillent la part du lion. «Les quatre autres musiciens – Sacha Ruffieux, Robin Girod, Nelson Schaer et Antoine Etter – sont techniquement meilleurs que moi, avoue Laure Betris. Au studio, ils m’ont beaucoup stimulée. Et, dans le même temps, ils se sont entièrement mis à disposition de ma musique, tout en apportant leur univers à eux. De mon côté, j’ai appris à lâcher prise et à leur laisser le maximum de place.»

A l’image du très psychédélique Halli ou du très rentre-dedans Pistol ready, Kassette embrasse de nouveaux horizons, sans complexe et sans gêne. «Je déteste la notion de frontière. En ce sens, je trouve le monde du rock très réactionnaire et très macho.» Du coup, elle prend un certain plaisir à brouiller les pistes et à emprunter des chemins de traverse. Comme dans le sublime I came to say goodbye, ballade parlée/chantée, hantée par une basse hypnotique et une guitare échappée des sixties. «Nous n’avons pas cherché le vintage à tout prix. Mais cela fait partie de certaines influences que nous partageons.»

Car, pour Laure Betris, la musique est avant tout une expérience humaine. «J’aime ce genre de rencontres très naturelles. Surtout, j’ai faim. J’ai la dalle, j’ai besoin d’explorer, de me nourrir de nouvelles choses.»

Cette année, Kassette va donc retrouver la scène sous cette forme à quatre musiciens, «pour conserver cet esprit de groupe». Après Zurich vendredi, elle jouera au Bad Bonn de Guin samedi un set plutôt ramassé, essentiellement centré sur Bella lui. «On a préparé une reprise de Spacemen 3 et on joue un ancien titre. Pas plus.»

Jamais à court de projets, Laure Betris continue d’expérimenter en parallèle au sein de deux duos, l’un plutôt électro, l’autre plutôt bruitiste. «Mais j’ai aussi envie de retravailler un jour vraiment toute seule…» En attendant, elle sera bien entourée samedi au Bad Bonn, notamment lors de la première partie de soirée, avec la présence du Chaux-de-Fonnier Louis Jucker, guitariste échappé de Coilguns ou The Fawn, qui présentera ses excellentes chansons douces et décalées.

Kassette, Bella lui, Cheptel Records, www.kassettemusic.com

Guin, Bad Bonn, samedi 20 février, dès 21 h 30

 

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