Jean-François Delhom: «On me dit que mes images sont plus vraies que nature»

Deux ans après un premier livre consacré au Tessin, le Gruérien Jean-François Delhom publie ses fascinantes images de canyons. Ou comment la géologie peut parfois exploser de mille couleurs.

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par Christophe Dutoit

«La photographie n’est pas une retranscription de la réalité, mais son dépassement. Le cadrage est une élection. Quand je suis dans un canyon, face à une face de rochers, ma subjectivité est pointée vers cette réalité et je cherche une manière de retraiter cette perception.» Spéléologue depuis plus de vingt ans, féru de canyoning, philosophe de formation et amateur de photographie, Jean-François Delhom mêle tous ses engouements dans la publication de livres, dont le second, Planète canyons, vient de sortir aux Editions Favre.

Dans ce recueil qui alterne paysage aux mille couleurs et textes philosophico-poétiques – «je sais qu’ils ont déstabilisé certains lecteurs, car j’aime déborder, j’aime faire sauter la pensée unique» – le Gruérien de 52 ans espère toucher aussi bien les amoureux d’expéditions audacieuses aux confins de la planète que ceux qui se régalent de belles images, dans l’esthétique propre aux magazines d’évasion tels Animan ou Geo.delhom-turquoise

En équilibre sur sa corde
Depuis 2001, Jean-François Delhom parcourt le monde à la recherche du canyon inviolé, à la découverte d’un des derniers endroits où le pied de l’homme n’a pas encore posé son empreinte. Parfois suspendu à sa corde, en équilibre sous une cascade dans un vacarme effrayant, il photographie ce que l’érosion a creusé de plus beau dans la roche, en Corse, en Guadeloupe, dans la Sierra de Guara, sur les traces de George Sand et Frédéric Chopin dans les paysages romantiques du nord de Majorque ou simplement dans le canton de Fribourg, dans les gorges du Gottéron ou de la Tine.

«Si vous saluez ce qui est beau, les mélancoliques, qu’ils soient cyniques ou nihilistes, vous taxeront de naïf, de pompier, de maniériste, de romantique vieux jeu, de réactionnaire, d’irresponsable, de menteur même», écrit-il en contrepoint.

La photographie m’a aidé à sortir de mon narcissisme. C’est une activité très optimiste, car les images ratées ne comptent pas: seules restent les réussies.

Connu comme le loup blanc dans le milieu du canyoning gruérien, «Jeff» peut se targuer d’un parcours pour le moins atypique. Après avoir grandi à Charmey, il a étudié les Beaux-Arts et la philosophie à Genève, il a travaillé plusieurs années comme responsable de l’arbitrage pour des compétitions internationales de snowboard, à l’heure où ce sport ne jouissait pas encore de son statut actuel. Puis il a guidé des adeptes de canyoning, ici et à l’autre bout du monde. «Avant, quand je faisais beaucoup de canyoning, je fanfaronnais en exécutant des sauts difficiles ou lors de désescalades délicates. La photographie m’a aidé à sortir de mon narcissisme. C’est une activité très optimiste, car les images ratées ne comptent pas: seules restent les réussies.»

«Plus vraies que nature»
Après avoir noyé deux appareils photo, combattu les embruns au Vietnam ou percé sa combinaison étanche, Jean-François Delhom a décidé de montrer ses images au-delà de son cercle d’amis. «Je suis touché que mes photos touchent, avoue-t-il non sans fierté. Certains me disent que ce sont des tableaux, que mes images sont plus vraies que nature. Je ne suis pas encore très connu, car c’est difficile d’être prophète en son pays.»delhom-portrait

Après quatorze années passées dans l’eau glaciale des canyons, Jean-François Delhom songe à changer de sujet. «J’ai deux nouveaux livres en préparation, dont un à propos de la défaillance humaine», explique cet autodidacte, qui fait lui-même la mise en page de ses livres et la retouche de ses images. En attendant, peut-être exposera-t-il ses images dans la région, après les avoir récemment montrées lors de rassemblements de canyonisme en France…

Jean-François Delhom, Planète canyons, Editions Favredelhom-vert delhom-rond delhom-rouge

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