Stéphane Kropf, la vision et le visible interrogés, exploités

La nouvelle exposition temporaire du château de Gruyères, jusqu’au 16 novembre, accueille l’art abstrait du jeune artiste suisse Stéphane Kropf.kropfb

par Priska Rauber

Une invitation à bouger, et à se bouger, vers le château de Gruyères. Le vénérable édifice reçoit du 6 septembre au 16 novembre les œuvres étonnantes de l’artiste suisse Stéphane Kropf. Des œuvres qui ne peuvent s’appréhender que physiquement, en face à face, tant ses recherches sur les «motifs optiques» et les «motifs trouvés» engendrent une perception à chaque fois différente du tableau, selon qu’on le regarde de près, de loin, debout ou à genoux.

Particulièrement les pièces de la série Situated knowledge, dans la salle voûtée. Stéphane Kropf – 35 ans, responsable du bachelor en arts visuels de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne – y a exploité les propriétés de la peinture interférente. Selon la superposition des strates, les coups de pinceau, de truelle ou l’incidence de la lumière, l’image change. Alors que l’immersion est de prime abord monochrome. «Cette peinture demande donc un temps spécifique d’observation. Bien que quelque chose nous échappe toujours avec la vision.»

Mais qui a décidé de faire le mur au-delà de la roche? C’est une idée fantastique, qui tient autant du génie que de la folie!

L’artiste est pétri d’interrogations: sur l’optique et son rendu, les techniques et leurs potentiels, la vision et le visible, le message ou le style. C’est un explorateur. A tel point que, en pénétrant dans la deuxième salle, on pourrait douter que les tableaux soient du même auteur. Mais si le style et la technique varient, on retrouve sa recherche sur l’optique et la perception. Ici, Stéphane Kropf a tiré ses œuvres paysagères de la trame graphique des tickets CFF. Un horizon montagneux puis son ciel, sous un visuel composé de lignes savamment codifiées.kropfa

Jeu avec le rocher
Il a parfaitement lu l’espace qui lui était dédié, jouant avec le rocher sur lequel repose le château, apparent sur l’un des pans du mur (d’où son surnom, «salle du rocher»). «Mais qui a décidé de faire le mur au-delà de la roche? C’est une idée fantastique, qui tient autant du génie que de la folie!» Stéphane Kropf s’est donc approprié le caillou pour construire son installation.

Si l’artiste a déjà exposé des toiles sur le même thème à Paris, Bâle ou New York, ces œuvres ont été réalisées spécialement pour cette exposition. A la satisfaction non dissimulée du conservateur des lieux, Filipe Dos Santos. «J’avais envie de consacrer une exposition abstraite à un jeune artiste romand, avec l’idée de jouer sur le contraste entre l’architecture séculaire du château et l’art contemporain, où l’un révélerait l’essence de l’autre, et inversement. Ça fonctionne parfaitement!» Autre objet de satisfaction pour le conservateur: la première édition d’art lancée par le château, en collaboration avec un artiste. Ainsi est née la première sérigraphie en 50 exemplaires de l’estampe qui reprend le graphisme du ticket.

Gruyères, château, du 6 septembre au 16 novembre. Vernissage ce vendredi à 18 h 30

kropfc

 

 

Posté le par admin dans Exposition Déposer votre commentaire

Ajouter un commentaire