FIFF: le cinéma, de l’Iran à la Russie, de la crise aux catastrophes

Quelque 110 films seront projetés à l’occasion du Festival de films de Fribourg du 29 mars au 5 avril. Une section est réservée aux films catastrophe. L’Iran, les frères Dardenne, Madagascar et la Russie sont également à l’honneur.

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‘Til madness do us part

par Eric Bulliard

La compétition
Quelque 110 œuvres de 40 pays forment le 28e Festival international de films de Fribourg, du 29 mars au 5 avril. Dont douze longs métrages en lice pour le Regard d’or et sept autres prix. «Nous n’avons pas de première internationale, mais des films parmi les plus forts de ces derniers mois», a souligné le directeur artistique Thierry Jobin, hier face à la presse.

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Manuscripts don’t burn

Toujours en compétition, le Philippin Eduardo W. Roy Jr. signe avec Quick change «un film incroyable sur la dictature de la beauté». Au revoir l’été révèle en Koji Fukada un «Eric Rohmer japonais», le «sublime» Lock charmer de Natalia Smirnoff offre «le plus bel exemple de ce que peut devenir le réalisme magique argentin», ‘Til madness do us part, de Wang Bing (Hong Kong) promet une plongée saisissante en hôpital psychiatrique…

Retour des courts
Pour la première fois depuis 1999, les courts métrages ont à nouveau leur propre compétition. Dix-huit films seront répartis en trois programmes. C’est notamment l’occasion de découvrir des œuvres du Bouthan, du Nigéria, du Sénégal, d’Irak…

Des catastrophes
La section Cinéma de genre met cette année à l’honneur les films catastrophe. «Mais pas des séries B nulles», prévient Thierry Jobin. De ces dix films, quatre proviennent de Corée du Sud. Au programme: tremblement de terre au Chili, effondrement d’un tunnel de métro à Moscou, épidémie, accident de Fukushima…

Hors compétition
Le film d’ouverture aussi évoquera une catastrophe. La plus grande de l’histoire dans le domaine industriel: celle de Bhopal, en 1984, qui a fait 25000 morts et 550000 blessés. A prayer for rain, de Ravi Kumar (avec Martin Sheen), sera projeté le 29 mars. En clôture, le FIFF proposera «un des grands polars de l’année», Mystery road, de l’Australien Ivan Sen. Parmi les films hors compétition, une curiosité: 3x3D, où Jean-Luc Godard, Peter Greenaway et Edgar Pêra s’intéressent à la 3D et à ses implications.

Face à la crise
En contrepoint au catastrophisme, le FIFF a programmé Petits remèdes contre la crise, avec sept films. Dont Borgman d’Alex van Warmerdam, que Thierry Jobin considère comme «le grand oublié» du dernier festival de Cannes. Ou La braconne, de Samuel Rondière, avec Patrick Chesnais et Inequality for all, qui est «à l’économie ce que le film d’Al Gore était à l’écologie».

L’Iran par les Iraniens
La riche cinématographie iranienne a droit à un panorama exceptionnel: le FIFF a demandé à 14 des plus célèbres cinéastes iraniens de désigner les films essentiels de leur pays. Il en résulte une rétrospective de seize films, dont trois d’Abbas Kiarostami et des raretés comme The house is black (1963), de la poétesse Forough Farrkhzad. Elle sera reprise par le festival d’Edimbourg et la cinémathèque de Toronto.

Avec les Dardenne
Deux fois Palme d’or à Cannes, les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne ont aussi une riche activité de producteurs, qu’ils présenteront lors d’une masterclass. Leur carte blanche comprend quatre documentaires qu’ils ont produits et un qu’ils ont réalisé, R… ne répond plus (1981).

La russie de Slava
Dans la section Diaspora, le FIFF a sollicité Slava Bykov. L’ex-hockeyeur a choisi cinq films de sa Russie natale. Figurent notamment deux comédies populaires à succès et White bim, black ear (1977), l’histoire d’un chien à la recherche de son maître. «Le film qui fait pleurer tous les Russes.»

De Madagascar
Dans Nouveau territoire, le FIFF met en lumière Madagascar. Une vingtaine de courts et de longs métrages (de fiction, d’animation et documentaires) ont été sélectionnés. Dont Tabataba, de Raymond Rajaonarivelo (1988), «le seul film à être sorti de l’île puisqu’il a été présenté à Cannes», relève Thierry Jobin. Symbole des difficultés que rencontre le FIFF: il a été impossible d’en trouver une copie 35 mm. Le réalisateur viendra avec sa propre copie numérique.

Carte blanche et jury
Comme chaque année, le FIFF offre une carte blanche à un directeur de festival: Luciano Barisone, de Visions du réel, a souhaité revoir Easy rider, de Dennis Hopper. Le jury international présente aussi certains de ses films: ce sera par exemple l’occasion de découvrir des œuvres du Canadien Sébastien Pilote (Le démantèlement et Le vendeur), On the job d’Erik Matti ou L’épouvantail (Palme d’or 1973) de Jerry Schatzberg, réalisateur de Panique à Needle park, qui, en 1971, révélait Al Pacino.

Et chez nous?
Dans Passeport suisse, à noter la projection de La symphonie pastorale (1943), avec Michèle Morgan, dont le tournage s’est en partie déroulé à Rossinière. The cassandra crossing (1976) fera un clin d’œil au genre phare de cette année: cette histoire d’une catastrophe dans un train CFF reliant Genève à Stockholm bénéficie d’un casting dément: Sophia Loren, Burt Lancaster, Martin Sheen, Ava Gardner…

A minuit
Dans les populaires séances de minuit figure notamment Moebius, le nouveau film de Kim Ki-Duk (réalisateur de Locataires), qui a fait scandale à Venise. Et Big bad wolves, film israélien d’Aharon Keshales et Navot Papushado où il est question de torture. «Le film préféré de Tarantino l’année dernière», d’après Thierry Jobin.

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Big bad wolves

Autour des films
Comme chaque année, nombre de débats, tables rondes et conférences sont prévus. Ainsi que des projections à Fri-Son, des scolaires et, pour la première fois, des séances pour les seniors. La BCU accueillera une exposition consacrée à la photographe Vivian Maier.

En chiffres
Le festival attend plus de 35000 spectateurs dans les salles de Cap’Ciné et du Rex. Son budget s’élève à 2 millions de francs. «Le FIFF est sur une courbe ascendante. Ses finances sont stables et son potentiel de développement est réjouissant», souligne le président du festival, Walter Stoffel.

www.fiff.ch

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