Maxime Le Forestier, quarante ans de chanson avec la classe tranquille

Maxime Le Forestier a revisité avec bonheur son immense répertoire, samedi devant une salle CO2 comble.
Par Eric Bulliard

Maxime Le Forestier au CO2 © C.Haymoz

Certains artistes rechignent à chanter leurs anciens tubes. Samedi, à la salle CO2 de La Tour-de-Trême, Maxime Le Forestier entre en scène, seul, prend une guitare et lance: «C’est une maison bleue…» Non pas pour le «comme ça, c’est fait», mais plutôt pour créer une connivence immédiate. Public rassuré et d’emblée aux anges: nous sommes là pour le plaisir, sans se prendre la tête.

Suit Le caillou, tiré de son dernier album (paru en 2013), puis Passer la route, Un arbre dans la ville: titres récents et classiques s’enchaînent sans peine, avec un naturel renforcé par une formation essentiellement acoustique, contrebasse, guitare, percussions et claviers.

Sourire et anecdotes
Souriant, la voix impeccable malgré une ou deux quintes de toux, Maxime Le Forestier dégage une impression de classe tranquille. Une façon élégante de ne jamais trop en faire, sans s’éloigner de son canevas. Dans un décor de lampadaires, les deux heures de concert avancent sans accroc, avec juste ce qu’il faut d’interventions parlées pour conserver un contact chaleureux.Maxime Le Forestier au CO2 © C.Haymoz

Il est ainsi question des différentes étapes d’une histoire d’amour, mais aussi d’anecdotes avec Georges Moustaki (pour lancer Une cousine) ou Julien Clerc (Le p’tit air). Un tel concert offre surtout l’occasion de se souvenir que Maxime Le Forestier possède un sens de la mélodie hors pair et un répertoire immense étalé sur plus de quarante ans. Succès et chefs-d’œuvre défilent, légers (Ambalaba) ou graves, dépouillés (Mon frère, dans une magistrale version avec le piano seul) ou très arrangés (Né quelque part ou ce magnifique Homme au bouquet de fleurs).

Hommages
Les dérapages et les improvisations échevelées? Pas le genre de la maison. Pour la partie surprise, il y a toutefois la reprise de Brassens, différente chaque soir, assure-t-il. A CO2, c’était l’hilarante Si seulement elle était jolie, qui a précédé La visite, tendre hommage au grand Georges.

Peu de surprises ne signifient pas platitude: en témoigne ce duo virtuose avec le brillant guitariste Manu Galvin, qui fusionnait Education sentimentale et Fontenay-aux-Roses. Il restait alors à répondre au San Francisco du début avec Jours meilleurs, hommage lucide à d’autres maîtres, Lennon et Dylan.

Debout, la salle pouvait faire un triomphe mérité à un Maxi-me Le Forestier apparemment fatigué et ému. Qui a consenti à un ultime rappel, un ultime chef-d’œuvre: La rouille. «Notre histoire va s’arrêter là, ce fut une belle aventure.» Frissons, lumière et encore merci.

Posté le par Eric dans Chanson française, Musique, Spectacles Déposer votre commentaire

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