American bluff: Américain, oui, bluffant, non

americanhustleSeule l’industrie du cinéma américain est capable de produire un long métrage comme American hustle (ou American bluff en français, car ça sonne mieux que «racket à l’américaine»). En effet, les Français en auraient tiré un mélo entre la maîtresse et la régulière, les Anglais un drame social sur fond de crise politique, les Hongkongais une mise en abyme de l’arnaqueur arnaqué… De cette histoire vaguement authentique, le grand Hollywood a tiré un film entre thriller et comédie romantique, qui a réussi le tour de force d’être nominé à dix reprises aux prochains oscars. Et ça, seuls les Américains en sont capables…

En 1978, un bellâtre arriviste du FBI (Bradley Cooper, pas mal en insupportable beau) contraint deux arnaqueurs à collaborer avec lui pour piéger des politiciens corrompus. Pour échapper à la prison, Irving Rosenfeld et son amante Sydney Prosser acceptent de jouer à ce jeu dangereux, à l’insu de l’épouse bafouée.

Tour à tour fragile, machiavélique, ingénue, sensuelle, jalouse, démunie, Amy Adams est épatante, et pas seulement parce qu’elle bat le record du monde de présence à l’écran sans soutien-gorge.

Avec une esquisse pareille, les frères Coen auraient mis en évidence ces magnifiques loosers, De Palma aurait imaginé un brillant vacarme d’uzis mitrailleurs, Soderbergh aurait tourné Ocean’s 15… Mais, après Fighter et Hapiness therapy, David O. Russel se contente d’une mise en scène poussive, au mieux désordonnée, au pire complètement chaotique. Et tant pis.

Bref, de cette divertissante parodie qui ne pensait pas en être une, il n’y a que trois éléments à tirer: les acteurs, les acteurs et les acteurs. Dès son apparition en grassouillet dégarni, Christian Bale montre que son jeu d’acteur va bien au-delà de son incarnation des récents Batman. Jusque dans son tic récurrent de réajuster ses lunettes, il est simplement éblouissant. A ses côtés et hormis sa splendeur, Amy Adams est encore plus épatante, et pas seulement parce qu’elle bat le record du monde de présence à l’écran sans soutien-gorge. Lauréate du Golden Globe pour ce rôle, elle est tour à tour fragile, machiavélique, ingénue, sensuelle, jalouse, démunie, sans jamais surjouer, sans jamais perdre la moindre parcelle de crédibilité. En un mot: sublime.

Et quand ces deux-là donnent par-dessus le marché la réplique à Jennifer Lawrence (irrésistible en hystérique cocue), Jeremy Renner (quelle coupe de cheveux!) et Robert De Niro (même pas crédité au générique), on se dit que c’est bien beau, les acteurs, mais que c’est encore mieux quand ils sont correctement mis en scène…

par Christophe Dutoit

American bluff, de David O. Russel, avec Christian Bale, Amy Adams, Bradley Cooper, Jennifer Lawrence…

amyadams

 

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