Mélanie Richoz, l’amour âpre comme une mue

couv-mueEn quatrième de couverture, ces mots: «Un éditeur, une auteure. Un piano à queue.» L’éditeur et l’auteure sont bien présents, tout au long de Mue, deuxième roman de la Gruérienne Mélanie Richoz. Le piano, lui, se retrouve là, au début, incongru, ne laissant ensuite planer que son ombre mystérieuse. De quoi donner une aura supplémentaire au roman, comme un arrière-fond onirique.
Car, pour le reste, nous sommes plutôt dans une variation classique sur la relation homme-femme, vue à travers les deux narrateurs. Ce pourrait être banal, déjà-vu (on le frise parfois), mais Mélanie Richoz parvient à dépasser cette impression par son sens du rythme. L’écriture se fait âpre, tendue. Saccadée, aussi, quitte à abuser de l’artifice des retours à la ligne et des tournures du style: «Mes yeux contemplent. Parcourent. Enregistrent.» Ou: «Coupable et honteux. Pétrifié. Excité. Survolté. Vénal.»
Lauréate, pour ce roman, de la bourse d’encouragement à la création littéraire du canton de Fribourg, Mélanie Richoz signe avec Mue un roman sensuel. Dans cette histoire d’amour improbable comme dans cette écriture intense, brûlante – qui mériterait de s’étendre sur un roman plus ample – parsemée de fulgurances: «Etre détesté de tous, ça dispense de palabres, de courbettes et de bienséance stupide. En plus, ça donne raison aux cons; ce qui est jouissif puisque, a priori, donner raison aux cons est un exercice de style difficile.»

par Eric Bulliard

Mélanie Richoz, Mue, Slatkine, 104 pages

notre avis: ♥♥

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