Moustaki, l’homme qui savait se contenter de chefs-d’œuvre

moustakipar Eric Bulliard

On ne va pas faire le coup du «dernier monstre sacré» ou du «dernier poète de la chanson française». D’aucuns l’ont dit pour Ferrat, pour Ferré et d’autres «derniers poètes» suivront. Mais depuis l’annonce de la mort de Georges Moustaki, jeudi à l’âge de 79 ans, flotte un sentiment de fin d’époque. D’un lien qui se rompt avec les Brassens, Piaf, Reggiani, Barbara…

Moustaki avait l’élégance tranquille. Il émanait de ses «yeux si délavés» la force sereine d’un homme libre, d’un révolutionnaire paisible. Dès que le succès le lui a permis, il s’est offert le luxe de prendre le temps. Pour peindre, écrire, se perfectionner aux échecs ou au ping pong, se balader à moto et apprendre les langues (il en parlait sept ou huit). Fidèle à sa Philosophie: «Nous avons toute la vie pour nous amuser / Nous avons toute la mort pour nous reposer». Y a-t-il plus rebelle que celui qui se moque ainsi de la médiatisation et de son image?

Jusqu’en janvier 2009, quand sa maladie des poumons l’a forcé à arrêter la scène, Moustaki continuait certes à donner des concerts et son dernier album est sorti en 2008. Mais l’essentiel de son œuvre est au patrimoine depuis plus de quarante ans. Milord, chanté par Piaf date de 1958 («Brassens était mon maître, Piaf était ma maîtresse», disait-il volontiers), Le métèque, de 1969. Et puis Ma liberté, Ma solitude, Sarah, que chantait Reggiani, La dame brune, interprétée par Barbara… Oui, Moustaki était ce chanteur qui savait se contenter de se laisser vivre et d’écrire des chefs-d’œuvre.

  

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