Yves Gindrat, un libraire au fil des humeurs

vermillonA la Cité, à deux pas de la cathédrale de Lausanne, il tient boutique de livres rares et curieux. Dans son domaine, la littérature du XXe siècle, Yves Gindrat est un maître. Plus encore pour les ouvrages parus en Suisse romande, le Petit Pays, comme il l’écrit. Après Or ange (2008), centré sur Maurice Barraud, le libraire tricoteur de mots publie avec Vertmillion le deuxième volet d’une trilogie appelée à former «les très riches heures de la bibliophilie romande».

Vertmillion mêle fiction et souvenirs personnels pour former un curieux récit, parsemé de jeux de mots, de promenades lausannoises et de digressions: «J’aime trop musarder et m’écarter de mes sujets pour y revenir quand bon me semble, soumis à mes seules humeurs, et m’éloigner de la réalité si elle ne me convient pas, voire que j’invente si ça me chante. Et tout le tralala.» Le narrateur rencontre Bill Vargas, riche collectionneur qui le charge de constituer une bibliothèque idéale du patrimoine littéraire et artistique romand. De quoi titiller notre spécialiste, ravi de relever ce défi.

Yves Gindrat a suffisamment de recul et d’humour pour ne jamais paraître pédant, même quand il évoque de luxueuses éditions à faire saliver les amateurs (ah! cette édition originale d’Adieu de Gustave Roud, sur japon!). Et même si le lecteur risque de se perdre parfois dans les méandres du récit, Vertmillion permet, à travers anecdotes et personnages (fictifs ou réels?) de découvrir de l’intérieur l’univers fascinant de ces éditeurs, écrivains, artistes, collectionneurs et libraires réunis par le même amour du beau livre.

par Eric Bulliard

Yves Gindrat
Vertmillion
Slatkine Oh 7e Ciel / 368 pages

notre avis: ♥♥

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