Drôle d’idée. Adapter au cinéma une comédie musicale adaptée d’un roman. N’y aurait-il pas comme une étape d’adaptation en trop? Il faut dire qu’il l’a un peu cherché, le père Hugo: ses Misérables sont tellement touchants, émouvants, poignants, bouleversants, attendrissants, qu’ils semblent appeler la musique larmoyante.
Comme il l’a fait sur les scènes de Londres et de Broadway, Jean Valjean sort du bagne et il chante. Il rencontre Fantine. Elle chante. Puis Cosette. Qui chante. Tout le monde chante, soir et matin, pour du pain, pour de l’eau, pour passer le temps. Gavroche chante et tombe par terre, la faute à Voltaire. Marius roucoule son amour et chante sa révolte. Javert chante, les Thénardier chantent.
Gabin et Ventura excusés, c’est Hugh Jackman qui reprend le rôle du forçat libéré, puis en fuite, puis caché en maire, puis en père. Toujours, il chante. Russel Crowe chante en Javert et Anne Hathaway en Fantine, dans un rôle (chanté) qu’on annonce à oscar. Le film est signé Tom Hooper, réalisateur du Discours d’un roi. Qui bégayait au lieu de chanter.

Par Eric Bulliard
Les misérables, de Tom Hooper, avec Hugh Jackman, Russel Crowe et Anne Hathaway