Le combat de deux héros de la six-cordes

pechinbotteDans l’histoire des Francomanias, certains concerts ont vécu des circonstances exceptionnelles. Sans que le public s’en rende vraiment compte, les prestations d’Hubert-Félix Thiéfaine et de Brigitte Fontaine, le 18 mai à Espace Gruyère, méritent qu’on raconte enfin l’envers du décor. De toute façon, il ne s’est rien passé de plus intéressant en mai, n’est-ce pas?

Ce soir-là, les vraies vedettes ne furent pas les chanteurs, mais bien les guitaristes. En effet, tant Yan Péchin (avec Brigitte Fontaine) qu’Alice Botté (avec Thiéfaine) furent tout simplement prodigieux. «Des véritables brutes», comme le résuma un ami critique rock à peine redescendu de son nuage.

A l’insu des 2000 spectateurs présents, Espace Gruyère s’était en effet mué en champ de bataille. En coulisses, à l’abri des regards, Yan Péchin retrouvait pour la première fois l’entourage de Thiéfaine, avec qui il avait tourné quelques années après avoir été le complice scénique de Bashung. «D’ailleurs, il aurait dû jouer sur cette tournée, mais il a été écarté à la dernière minute pour des raisons futiles», explique Emmanuel Colliard, programmateur des Francomanias et témoin indirect du mélodrame. «Il l’avait saumâtre et il ne s’est pas empêché de le faire savoir.»

Certes courtois, l’échange de vérité a placé la soirée sous des auspices revanchards. Sur scène, Yan Péchin s’est fendu d’un concert monstrueux. Avec un arrière-goût de défi personnel envers ses anciens acolytes, pour leur montrer à quel point ils ont eu tort de le débarquer.

Du coup, Alice Botté ne pouvait rester en rade, lui qui ne fut pour rien dans cette éviction. Ancien homme de main de Bashung, Higelin, Christophe, Jad Wio (surtout) ou Daniel Darc, le gaucher ne pouvait se laisser provoquer de la sorte.

Mieux encore, ce soir-là ils se sont tiré la bourre comme jamais, avec la fierté de toréadors blessés au combat.

«En programmant la soirée, je savais que les deux meilleurs guitaristes français joueraient l’un après l’autre», se rappelle Emmanuel Colliard. Mieux encore, ce soir-là ils se sont tiré la bourre comme jamais, avec la fierté de toréadors blessés au combat. Du coup, Alice Botté a donné à son tour le tournis aux spectateurs.

Finalement, alors que la lumière se rallumait dans la salle, les deux guitares tombèrent dans les bras l’un de l’autre…

Tout est bien qui finit bien… Ce qui n’était pas gagné d’avance: dans l’après-midi, Brigitte Fontaine fit des pieds et des mains pour entrer dans la loge de Thiéfaine. «Elle voulait s’excuser de l’avoir traité publiquement de connard.» Chose dont Thiéfaine ne se souvenait absolument pas…

Pour ceux qui ne l’avaient pas ressenti, Espace Gruyère a vraiment vécu, ce vendredi-là, une soirée exceptionnelle…

par Christophe Dutoit

Posté le par admin dans Coup de gueule, Hommage Déposer votre commentaire

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